Retraites : le double-jeu du candidat François Hollande
Ces propos tenus par Pascal Terrasse, conseiller économique de François Hollande témoignent bien du double jeu tenu par le candidat Hollande durant cette campagne. Au cours d'un colloque consacré à la "dépendance", Pascal Terrasse distingue avec cynisme "ce que les gens ont compris", "ce que dit le parti socialiste" et ce "que l'on faire" ; pour conclure "qu'on ne reviendra pas sur la borne d'âge des 62 ans" et envisager un nouveau report 65 ans !!!
S'estimant avoir "été piégé, Pascal Terrasse "ne pensait pas que des journalistes seraient présents", illustrant bien le double langage de celui qui a "rédigé le projet" de Hollande.
Il existe autant de différences entre Aubry et Hollande qu'entre le projet du parti socialiste et ce dont rêve l'oligarchie patronale et financière à savoir le statut quo pour 2012.
Retour sur les positions pro-rigueur de Hollande
Hollande a multiplié au cours des derniers mois des prises de position non compatibles avec sa prétention à représenter la gauche face à Sarkozy : soutien à la règle d'or (certes après 2012), austérité renforcée, modération salariale, temps de travail ("globalement il faudra travailler plus" ), soutien à la réforme Bachelot de tarification-marchandisation de l'hôpital public, gel des postes dans la fonction publique - ceci après 10 années de saignée...
Sa proposition de créer 60 000 postes dans l'éducation nationale contredit ce qu'il affirmait il y a encore quelques mois. De surcroît il laisse entendre que ces créations pourraient être financées au détriment d'autres services publics... Priorité absolue à la baisse des déficits, là où Aubry de façon plus keynésienne s'autorise à une relance de l'économie par la dépense publique.
Et lorsque Hollande reste dans le flou, c'est pour laisser ses conseillers faire le sale boulot : son "ami"-conseiller Jouyet (et ancien ministre de Sarkozy...) estime inévitable de hausser les prélèvements sur les catégories y compris défavorisées. Aujourd'hui Pascal Terrasse se moque des salariés et des électeurs de gauche qui auraient mal compris le projet de François Hollande : un nouveau report de légal à 65 ans?
Alliances et retournements
Quelle stupeur d'entendre Royal appeler à voter "massivement Hollande" au deuxième tour!
Royal qui appelait hier à l'interdiction des licenciements boursiers, lorsque Hollande se contentait de mesures dissuasion financière. Royal qui hier tentait de piéger Hollande sur sa taxe écologique destinée à abaisser les cotisations sociales et qui aurait vocation à être répercutée sur les consommateurs... (proposition à nouveau défendue par Hollande au dernier débat).
Pour justifier ses nombreuses pirouettes , Hollande n'hésite pas à invoquer son rôle de rassembleur, unique argument incantatoire de ce candidat qui ne doit son ascension sondagière qu'au matraquage intempestif des médias et de l'establishment économique qu'il n'a cessé de draguer.
Hollande, un homme du sérail libéral
Derrière son discours prétendument novateur, Hollande reste prisonnier des vieille recettes : en matière de libre échange, il entretien par exemple l'illusion de la haute-technologie comme capable de compenser les pertes d'emplois et déficit commercial crées par la suppression des barrières douanières protectrices.
Au contraire, Aubry est beaucoup plus critique dans son discours à l'égard du libre échange qui a conduit à mettre économiquement en concurrence les peuples et les salariés nonobstant les écarts inconsidérés en terme de coût du travail ou de normes sociales et environnementales.
Hollande ne fait que ressasser le vieil argument des libéraux : "on ne va pas se mettre des barbelés."
Non le volume de container transportés et de capitaux échangés ne témoigne pas d'un progrès d'une civilisation surtout quand le libre échange des marchandises s'accompagne du parcage et flicage des migrants...
A propos de la crise grecque, Hollande n'y voit que la conséquence de la présumée lenteur pour prendre des decisions au sein de l'UE et non un problème de fond là où Aubry ouvre les yeux et reconnait que la rigueur a aggravé la crise. La proposition de Hollande de mettre en place un "premier cercle", sorte de club select pour les plus pays les plus puissants est en complète contradiction avec l'idée même d'un Europe démocratique où un citoyen grec ou slovaque pèse autant qu'un citoyen français ou allemand.
le projet de Hollande : une réécriture du programme du parti socialiste
Le programme du Parti Socialiste n'est pas satisfaisant en ce qu'il ne prend pas la juste mesure de la gravité de crise financière et économique et qu'il ne réparera que très partiellement les dégâts causés par 10 années de casse sociale (accelérée sous Sarkozy) : privatisations-marchandisaton des services publics, postes supprimés dans la fonction publique, allongement de la durée de cotisation, code du travail, deremboursements de l'assurance maladie...
Toutefois, une victoire de Hollande emmenerait droit la gauche dans une voie de garage : celle de la rigueur, de l'alliance avec le Modem, du maintient de la Vème république... (Hollande n'a-t-il pas boudé la fête de l'humanité?)
Renvoyer dos à dos Aubry et Hollande ne conduit, comme vient de le faire piteusement Montebourg, à soutenir au bénéfice du doute celui qui a déjà a été couronné par les médias!
Barrons la route au candidat des sondages et dont rêve l'oligarchie financière et patronale!
Au deuxième tour des primaires, votez tactique, votez Aubry!