Hollande-Aubry : quelles différences?
La différence pouvait paraître subtile voire inexistante, il existe toutefois sur le plan des programmes autant de différences entre Aubry et Hollande qu'entre le projet du PS et ce que projettent les agences de notation et le dîner du Siècle.
Certes, Montebourg est le seul à s'être constamment opposé au cours des derniers mois et années à cet insupportable matraquage médiatico-politique visant à nous faire croire que la rigueur, en Grèce ou ailleurs, est la seule solution pour sortir de la crise.
Le silence de nombreux dirigeants socialistes, y compris Aubry, vis-à-vis du triste bilan de DSK à la tête du FMI, est révoltant. Bilan qui est tout sauf socialiste tant dans la manière dont l'austérité a été brutalement imposée à des pays comme la Grèce, le Portugal, l'Irlande, la Roumanie, que dans le fond même de ces politiques de destruction sociale massive : coupes dans les budgets publics, amputation des retraites et allocations chômages, explosion de la TVA...
Il est insupportable que le projet socialiste, déjà très en deçà de celui de 2006 (et ce, après 10 années de casse sociale!) soit réécrit par un candidat, François Hollande, qui a pris position sur les points suivants:
- "il faut travailler plus"
- cotiser plus longtemps,
- sanctuariser le nombre de poste d'enseignants au niveau de 2012 (quel revirement sur ce point depuis!)
- abaisser les cotisations sociales en établissant une "taxe écologique" que les entrepreneurs pourront ensuite répercuter sur les consommateurs.
- son chargé de communication, Jouyet, président de l'Autorité Financière des Marchés, et ancien ministre de Sarkozy loue les mérites d'une réforme de l'assurance chômage sur le modèle allemand...
- baisser la part la part du nucléaire à 50% et non en sortir (EDF restant société anonyme cotée en bourse...)
- son bras droit Stéphane Le Foll déclarait qu"il "ne supportait plus tous ceux qui répètent sans cesse qu'il faudrait une Europe". Celle-ci serait-elle à prendre ou à laisser, y compris dans l'état laissé par Sarkozy-Merkel?
Sans parler de sa prise de position pour constitutionnaliser la règle d'or (oui, mais après 2012... on voit bien la nuance avec Sarkozy).
Une victoire de Hollande serait une capitulation vis-à-vis des exigences de la finance et des partisans du statut-quo constitutionnel, social et économique.
Hold-up à l'égard de la gauche
Ce hold-up politique ne s'arrête pas là : Hollande est accroc de ces ultimatums où il invite le reste de la gauche à se retirer sans condition dès le premier tour au nom du "vote utile". Hier encore, fort inspiré du cas Borloo, il déclarait :
"La candidature unique de la droite (…) doit faire réfléchir la gauche"
Entendez : laissez Hollande représenter seul la gauche en 2012, il sait déjà quoi vous proposer!
Hold-up aux primaires et déjà hold-up au 1er tour de la présidentielle...
Pas à jour ne passe sans qu'un sondage et des interprétations hâtives ne viennent conforter l'idée matraquée dans les esprits selon laquelle Hollande a déjà gagné. Peu de médias rappellent la nuance essentielle entre intention de vote et préférence de victoire...
Je soutiens personnellement le Front de Gauche et son programme qui me paraît être le seul véritablement conséquent à gauche compte tenu la gravité de la crise et de l'ampleur de la cassse sociale opérée par Sarkozy.
Participer aux primaires n'est qu'un vote tactique car leur issue sera décisive y compris pour le reste de la gauche.
Votez Montebourg, votez Aubry ! Mais ne restez pas indifférents à ce hold-up politique dont l'unique finalité est la réécriture du projet socialiste par la pensée unique et dont la finance a tout intérêt.