Il faut sortir de l'austérité. Cette politique est non-sens sur les plans historiques et économiques. Non sens historique car elle ne tient pas compte de l'échec des politiques de déflation salariale et de rigueur déjà mises en place par la droite française (Laval, Herriot, Doumerque...) dans les années 30[1].
Non sens économique car la rigueur aggrave les déficits dans la mesure où elle déprime la demande et au final contracte les recettes publiques. L'exemple de la Grèce témoigne de l'aggravation catastrophique des déficits à cause de l'austérité, en plus de leur cruauté sur le plan humain.
Plus cette politique échoue et plus les ayatollah du libéralisme en redemandent, prétextant mensongèrement que le Grecs n'auraient pas mis en place leur politique.
Cette fuite en avant rappelle la crise argentine des années 90. Le défaut de paiement et la rupture avec les politiques de casse sociale imposées par le FMI avaient au contraire permis de sortir du cercle vicieux de la récession et de générer une croissance qui n'a désormais rien à envier au marasme européen actuel (au passage, les exportations argentines n'en sont pas l'unique raison, l'exemple de l'Islande, petit pays et de surcroît globalement plus importateur qu'exportateur en illustre...)
Le soir du 6 mai Hollande promettait à la Bastille de sortir de l'austérité. Cette légitime aspiration ne doit pas pour autant nous rendre aveugle vis-à-vis de son programme et qui dissimule une bonne dose d'austérité.
Pour ne citer que l'objectif de réduire à 3% les déficits publics dès 2013 et à 0% en 2017 (soit le contenu même du pacte d'austérité Sarkozy-Merkel, TSCG...) ce qui interdit de facto toute politique de relance par la dépense publique. Au contraire, il faut sortir du prisme crétiniste cher à Merkel d'une relance économique par la précarisation et la paupérisation des salariés.
Le discours de rigueur est pleinement assumé par Moscovici et Cahuzac qui occupent deux places fortes du futur gouvernement (ministère de l'économie, des finances et du commerce extérieur et ministère du budget).
En parallèle, on entend dire qu'il ne faudrait ménager Merkel. Mais de quoi va-t-on discuter alors? S'agit-il de sortir de l'Europe austéritaire ou de négocier un additif intitulé "volet de croissance" et qui ne remettra en rien en cause de contenu même des récents traités Sarkozy-Merkel (MES et TSCG)?
En Grèce, les partis austérité sont sévérement sanctionnés (la droite et les socialistes PASOK) ne recueillent qu'un tiers des voix. Syriza, le parti de gauche anti-mémorandum réalise une percée et témoigne de sa pugnacité à défendre ses engagements : l'austérité n'est pas négociable, il faut en sortir.
Les Grecs retourneront aux urnes parce que les partis perdants (PASOK et Nouvelle Démocratie) ont voulu coûte que coûte imposer à leur nation sa soumission à la finance et le pillage de ses ressources.
En Grèce ou ailleurs, que cesse ce chantage et cette menace d'une sortie de l'euro pour qui cesserait de se soumettre aux politiques d'austérité! La solidarité avec la Grèce doit être totale car c'est du sort de l'Europe et de sa résistance à la casse sociale dont il est question : nous sommes tous des Grecs!
En France, seul le Front de Gauche porte un réel programme de rupture visant à créer la conditions favorables à une relance de l'économie et une réelle réparation des dégats de la politique de Sarkozy : par exemple, les 60 000 postes d'enseignants que Hollande souhaite recréer dans l'enseignement ne seront financés que par redéploiement donc depuis d'autre services publics (la justice, les hôpitaux, les équipements???)
Plus que jamais la campagne des législatives doit s'inscrire dans une visée nationale pour profiter au mieux de la dynamique de la campagne présidentielle et éviter l'écueil de sa dilution dans des enjeux locaux peu lisibles aux yeux de nombreux électeurs.
La vraie rupture c'est le Front de Gauche, notre programme c'est l'Humain d'Abord.
[1] Nationalistes et nationaux (1870-1940), Henri Guillemin, Gallimard, 1974